Jan Becker d'ERDF: un activiste dans l'entreprise ?


Jan Becker  n'est pas le directeur ordinaire d'un réseau de distribution électrique. Il n'est même pas le personnage ordinaire, car il possède trois véhicules électriques. Lorsqu'il n'est pas au volant d'un VE ou en train d'en parler, Jan Becker est Directeur régional de la zone Pyrénées orientales et Aude d'ERDF (Electricité Réseau Distribution France). L'entreprise gère à 95 pour cent la distribution d'électricité publique de la France métropolitaine. Pour ERDF, la mission de Jan Becker  consiste à développer les relations avec les autorités publiques et à les informer sur les questions de distribution.

Une famille de VE

Il y a cinq ans, Jan Becker achetait son premier véhicule électrique, une Peugeot 106 fabriquée en 1999. A titre personnel, il s'intéressait aux technologies propres.  Fasciné de VE, il cherchait la meilleure façon de les conduire pour en optimiser leurs potentiels. « Aujourd'hui c'est de la vielle Tech, » plaisante-t-il, soulignant que sa Peugeot malgré ses 63 000 kilomètres au compteur, roule encore très bien. « En 2011, je me suis offert la petite sœur,» nous-dit M. Becker en parlant de son deuxième VE, une Citroën Saxo de 2001, un super mini produit entre les années 1996-2003.  Enfin, en 2014, il fait l'acquisition de sa berline familiale, une Renault Fluence. «Comparée aux  voitures plus anciennes, dont les batteries en nickel-cadmium ne se rechargent qu’une fois complètement vidées, je trouve la Renault Fluence très rafraichissante,  » justifie-t-il pour illustrer comment éviter la panne de batterie sur la route.

Valeur didactique

Jan Becker avoue sans détour qu'il a déjà dû rentrer à pieds pour cause de batterie vide. « J'avais respecté la procédure de rechargement de la batterie en nickel-cadmium à la lettre ! A deux kilomètres de la maison, elle était vide.  » Recherchant l’efficacité énergétique, Jan Becker apprécie le caractère pédagogique de la conduite d’un VE: « au volant d'un VE il est possible d'analyser son style de conduite, s'il est plus ou moins économique. En ralentissant, vous gagnez des kilomètres en plus. » Pour le prouver, M. Becker a expérimenté un aller-retour Perpignan/ Narbonne à bord d'une Renault Kangoo d’une autonomie d’environ 110 km ; un trajet de 140 kilomètres avec un seul rechargement.   « Sur le chemin du retour, 15 kilomètres avant la fin de mon parcours l'alarme me signalait un niveau de batterie  "bas". J'ai réduit ma vitesse à 60 kilomètres à l'heure sur l'autoroute et je suis arrivé à destination! Les VE ont une valeur didactique incontestable. » Il n’est pas forcément utile d’en savoir  trop non plus ; ainsi  M. Becker n’endommage que très rarement ses batteries. A la maison,  à partir d’une simple prise électrique, les véhicules disposent de tout leur temps pour leur recharge.

Eviter de partir en croisade

Si Jan Becker croit fortement aux bienfaits des VE, il n'en fait pas pour autant une propagande ostensible. « J'évite de trop sermonner les figures publiques au sujet de mes voitures. Mais en tant que propriétaire de VE, je sais comment présenter les choses autrement. » « Le développement durable est un thème sur lequel tout le monde peut tomber d’accord, » nous dit-il. «  Si on y rajoute la mobilité électrique, vous pouvez alors aborder la question des véhicules électriques. » Lorsque Jan Becker se déplace en réunion il prend évidemment toujours son VE. « Je ne le cache pas, au contraire, je le gare toujours en évidence, devant la mairie par exemple.»

Par propagation naturelle

L'enthousiasme et l'exemple personnel de Jan Becker ont l'air plutôt contagieux, pourtant il faudra attendre encore un peu avant que les VE ne deviennent les voitures les plus populaires du département. Dans le 66, on compte actuellement 110 VE et 12 bornes de rechargement, mais toutes ne sont pas  disponibles 24/24 heures et 7/7 jours. « Certaines ne sont pas accessibles au public, » déplore Jan Becker. « D'autres sont compatibles uniquement avec des Nissans. » C'est pour cela que M. Becker a décidé de l'installation d'une borne Ensto devant les bureaux d'ERDF à Perpignan. « Cette borne est la seule et unique borne disponible au public tous les jours et à toute heure, » nous dit-il. « N'importe qui peut s'en servir. » « C'est un peu comme mon bébé. J'ai choisi cet emplacement pour que la borne soit toujours disponible, et ce à longueur de journée. » Cela revêt une telle importance à ses yeux qu’il photographie tous le VE qui s’y arrêtent.

Pourquoi  Ensto?

L’implantation d’une borne de rechargement devant les bureaux d'ERDF démontre « qu'il ne s'agit pas d'un projet pour l'avenir,» se félicite Jan Becker.  Habituellement les grandes entreprises voient grand, M. Becker ne voulait plus différer. « J’ai préféré une solution locale immédiate, plutôt qu’une solution de plus grande envergure, plus tard !  » «Ensto et moi avons noué un solide partenariat. La borne est fabriquée en France, dans une usine locale, tout près, à Néfiach, la capitale du développement électrique. » Depuis son installation, en automne 2013,  la borne de rechargement est sollicitée au moins tous les  deux jours. « C'est la preuve d'un équipement fiable, » précise Jan Becker.

Induire une réaction de chaîne

Quelle que soit la qualité de la  borne de rechargement, une seule borne ne peut servir à la ville de Perpignan entière, encore moins à tout le département. « Nombreux sont les usagers qui souhaiteraient faire l'acquisition d'un VE, et les voitures sont disponibles.  Mais nous manquons cruellement de bornes et les gens craignent les pannes de batterie, » nous confie le très expérimenté Jan Becker. Si chaque voyage commence par un premier pas, chaque réseau de rechargement doit donc commencer par une première borne. Encore lent, le développement est pourtant bien là, dit Jan Becker. « Le maire de Perpignan a visité notre site en 2013 après l’installation de la borne Ensto devant nos bureaux. Il s’est d’abord montré dubitatif. Puis, en 2015, il a changé d'avis. 'Nous devons y aller', a-t-il  sommé, avant de signer un accord de partenariat. Les décideurs désirent toujours constater le bon fonctionnement des choses par eux-mêmes. Il faut simplement leur montrer. » « Si Perpignan l'a fait, d'autres suivront, » nous dit M. Becker.  « D'autres grandes villes également. Cela devrait provoquer une réaction de chaîne. »